Biodiversité : du territoire aux stations
Introduction
Si l’homme s’intéresse à la biodiversité depuis très longtemps (dès l’Antiquité Aristote décrit dans son « Histoire des animaux » plus de 500 espèces), plus de 20 siècles (depuis l’Antiquité) ont été nécessaires pour forger le concept de biodiversité qui sous-tend que l’univers vivant est dynamique et que ses constituants - au contraire d’être éternels et immuables – naissent, vivent, se transforment et parfois disparaissent.
Le concept de biodiversité est donc encore jeune (décrit par Walter G. Rosen en 1986, médiatisé par Edward O. Wilson en 1992) et par conséquent nécessite un peu de recul pour être défini
avec précision. Toutefois, la communauté scientifique internationale s'accorde sur au moins deux notions essentielles : la dimension multiscalaire de la diversité biologique et l’importance des
interactions entre ces différentes échelles.
Ainsi le concept de biodiversité ne renvoie pas à une simple contraction des termes « diversité biologique » et à un inventaire du nombre d’espèces présentes sur un territoire donné (c’est-à-dire
la richesse spécifique) mais met en lumière les notions d’interdépendances de chaque niveau et de chaque unité biologique et par conséquent, la fragilité de cet ensemble cohérent.
A l’image d’un château de carte ou d’une horloge élaborée et ajustée avec minutie, la biodiversité est un édifice, un tissu dont l’intégrité dépend de la solidité de l’ensemble de ces composants,
à savoir les écosystèmes, les espèces et leurs populations.
On retiendra donc la définition suivante : diversité des systèmes écologiques, depuis les populations (diversité génétique) jusqu'aux écosystèmes
(diversité écosystèmique), en passant par les communautés et réseaux d'espèces (diversité spécifique) (COUVET
& TESSEDRE, 2010).
Notons également que l’on peut apprécier cette diversité à travers d’autres critères : la diversité fonctionnelle, la diversité des processus, la diversité culturelle…La notion de biodiversité et
à la fois singulière, novatrice et plurielle.
De ce point de vue, les espaces naturels de notre territoire depuis les grands ensembles paysagers jusqu'aux stations les plus localisées, offrent au vivant dans ses expressions les plus
diverses, une diversité d'habitats très importante : landes humides bien évidemment mais également prairies et bocages, boisements divers, réseaux de mares, vallées et cours d'eau, étangs... Ces
milieux constituent le cadre du patrimoine naturel local : ils sont les supports des assemblages d’espèces et des populations qui caractérisent l’identité écologique de notre territoire.
Si l’essentiel de ces espaces est composé d’habitats et d’espèces considérés comme « ordinaires » car encore relativement communs en Europe de l’Ouest, l’intégrité du réseau bocager, l’importance
et la diversité des massifs boisés et des systèmes prairiaux confirment la valeur écologique de ces espaces : le territoire historique des landes de la rencontre accueille encore
aujourd’hui des fragments de biodiversité bien conservée. Constat renforcé par la mise en œuvre de nombreux statuts de protection et de connaissance (ENS, Natura 2000, ZNIEFF…) sur les sites -
distribués en tâche sur le territoire - les plus emblématiques du patrimoine naturel local (landes hygrophiles à éricacées hébergeant la rare Gentiane pneumonanthe (Gentiana
pneumonanthe) et l'azuré des mouillières (Phengaris alcon), tourbières à rossolis (Drosera spp.) et trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), rivière à saumon, stations à lycopode en massue (Lycopode clavatum) et isopyre faux pigamons (Isopyrum
thalictroides), étangs oligotrophes à littorelle (Littorella uniflora)…)
C’est de cette prise de conscience qu’est née la volonté de mieux connaître ce patrimoine naturel ordinaire remarquable et que différents projets d’inventaires, d’expertises et de suivis ont été
mis en œuvre sur le site de l’EPL et les secteurs périphériques.
Loïs MOREL.
Références bibliographiques & ressources
COUVET, D. & TEYSSÈDRE – COUVET, A. – 2010. Écologie et biodiversité. Belin, 336p.